« And God Will... »

Acte Premier : « And God Will... »

- Prologue -

« Un vol sans encombre, quelques coupes de champagne, plusieurs coupes, puis cette bouteille de whisky aux trois quarts pleines, que j'ai rapidement vidée... La pauvre me regardait de ses yeux de biches. Facturée le sextuple de son prix en magasin, je ne m'en pré-occupais que très peu, ils paieront pour cela, comme ils paieront pour tout le reste. Cela faisait quatre jours que je ne t'avais plus vu, que je ne vous avais plus vu. Le seul lien qui me rattachait à notre histoire était cette idée saugrenue du parapluie blanc, cette volonté de briser chacun de ses maillons pour les aliéner au possible. J'ai tout de même passer un quart de ma vie (pour un homme de 35 ans) en faculté, à étudier ce qui me passionnait le plus après le mépris de la race humaine. Et maintenant ? Simple pion à la solde d'une entreprise dont la montée en puissance est à peu de chose près semblable à celle du Troisième Reich : piétiner la vie pour assoir son pouvoir. Je ne suis qu'une miette qui contribue à l'édifice du dernier des plus grands fléaux que connaîtra le monde. Et quoi qu'on en di... Ah, enfin. Les trains d'atterrissages sont sortis. Il maintenant temps de se consacrer au travail, encore et toujours travail. Je mourrais sur une paillasse, d'une balle entre les deux yeux ou encore de mes propres conceptions. J'emporterai la gloire avec moi, mon emplacement au Père Lachaise est réservé depuis ma naissance. Je, moi, mon, mes. Nombrilisme exacerbé. Étrange, mais je m'aime comme cela. Et voilà cette jeune et jolie hôtesse de l'air qui s'approche. Et bien ! Que va-t-elle chercher si haut, en on verrait presque... et voilà, effet jupe courte garantie. Le plus intéressant réside dans le fait qu'elle ne porte rien en-dessous, et qu'elle a l'air de s'en fiche. Cela semble faire plaisir aux mâles en manque de testostérone présent dans l'avion. Je le savais, le vieux pervers de la rangée douze allait sauter sur l'occasion. Vas-y que je me décale tranquillement sans que ma vieille femme ne s'en rende compte... Tout le monde boucle sa ceinture, s'agrippe aux accoudoirs, je vais en profiter pour mettre mes lunettes. Et voilà que la foule acclame le pilote qui vient de réussir un atterrissage sans accroc; pitoyable. Si mon horrible voisin chauve pouvait se dépêcher de sortir cela m'arrangerait, je hais ce moment de solitude à attendre sa valise, tous agglutinés autour de ce foutu tapis roulant. Il fait chaud dans ce bled, mon jacquard est de trop aujourd'hui. Bon j'ai tout, il me faut maintenant trouver un taxi. Alors là, c'est la meilleure, un obèse à la calvitie attaquée par une voie lactée de pellicules. Pas de pour-boire aujourd'hui mon gros, cela t'apprendra à préférer le sport au superbowl... »

- L'aventure commence... -

Le taxi cab continuait sa route, se faufilant telle une vipère dans cette jungle urbaine qui semblait pourtant si insouciante. Les rues étaient pleines de badauds en ce milieu d'après-midi, le soleil n'était pas discret, mais le vent venait rafraîchir l'air ambiant. La fenêtre arrière droite du véhicule était ouverte à moitié. Un demi-visage était visible au-dessus de la vitre semi-fumée, affublé d'un masque solaire noir aux branches blanches. La main du client était posée sur le toit et laissée apparaître une chevalière à la taille imposante représentant un crâne stylisé. Sébastien se mordait légèrement les lèvres en regardant les gens défiler sur le trottoir. Son autre main libre venait frapper un petit rythme sur sa cuisse gauche. White Umbrella ne l'avait que très peu renseignée sur Darkness Fall, tout ce qu'il savait résidait dans son dossier, à l'intérieur de sa serviette en cuir. Il rentre sa main droite pour ne plus entendre le brassage de l'air contre son bras et sentait maintenant le courant d'air frais frapper son front. Sa mèche de cheveux vint se déposer sur le côté de son visage. Il n'avait pas l'air soucieux, pourtant tout son être était rongé par la culpabilité : remettre sa vie en question n'était pas tâche aisée, et notre cher Descamps n'arrivait toujours pas à faire la part des choses, concernant sont travail et sa famille. Et s'il n'avait jamais pris goût à ce qu'est la vie dans sa création, que serait-il devenu ? Pas de Telma, pas d'Umbrella, plus de souffrance... plus de famille, ni même connaissance de la vérité, de ce qui rongeait le commun des mortels en ce moment. Mais était-ce la meilleure des solutions ? A force de penser à sa propre petite douleur, il en oubliait celle qu'endurait ses deux amours, à plusieurs milliers de kilomètres d'ici. C'est alors qu'il arrivait à un croisement entre deux avenues qu'il demanda au conducteur de s'arrêter – de manière très sèche – et de le laisser ici. Il n'avait pas la volonté de rejoindre sa chambre d'hôtel pour déposer ses valises. Il lui fallait poser son esprit sur un autre sujet, comme la boisson par exemple. Une fois le trajet payé et ses affaires sorties du coffre, il mit sa laine sur son épaule droite, se mettant en direction du bar le plus proche... ce n'était pas ce qui manquait dans le coin : les rues se voyaient affublées de centaines de panneaux lumineux et autres enseignes d'établissement, pourtant aucun n'attirait le regard de notre nouveau touriste fraîchement débarqué.

« Cela en devient presque énervant... il fait chaud, je ne connais rien, ni personne. J'ai trop chaud. Il serait temps que je tombe sur un foutu bar dans lequel je pourrais enfin me mettre à l'ombre. Et si toute cette populace pouvait ne serait-ce que quelques instants, baisser le volume de leurs discussions, je pourrais peut-être me concentrer sur mon futur point de chute... »

Il ne fallut que très peu de temps à notre homme pour s'arrêter face à une pancarte des plus fédératrice : « Happy Hour Every Hour @ Anthem Bar ». Pourquoi ne pas se laisser tenter par le folklore spring break et alcool de basse qualité américain ? L'établissement ne payait pas de mine depuis l'extérieur. C'est en poussant la porte du bar que Sébastien se rendit compte que l'endroit semblait peu peuplée à cette heure-ci. Ce n'était pas plus mal, un peu de tranquillité avec pour meilleur confident un verre à cocktail plein, c'était la vraie vie qui qui reprenait son cours. Bercé par cette odeur de légère transpiration et de tabac froid, le français se dirigea calmement vers le bar, déposant ses sacs au pied d'une chaise haute. Laissant tomber sa veste sur sa valise, il attrapa d'un geste lent et non-chalant la carte du café. Le nombre incalculable de bières présentes sur le papier en vinrent à effarer Sébastien : cette civilisation n'avait donc pas pris au goût aux réelles valeurs sûres, telle que le bon vin français ? Ne voulant pas se prendre la tête plus que cela sur la carte des boissons, il interpela le serveur alors qu'il passait près de lui, de l'autre côté du bar.

« Étant certain du fait que vous ne proposez pas de Bordeaux ou Saint Émilion à vos clients, laissez-moi vous faire part de mon choix : un Cosmopolitan, à la cuillère, dans un verre à whisky. Prenez-garde à ne laisser que deux glaçons, je paie pour un cocktail, et pas pour de l'eau... »

Le plus important résidait dans le fait de ne laisser aucun second souffle au barman, qui se retourna rapidement servir son nouveau client. Il n'avait même pas feinté ne serait-ce qu'un regard à Sébastien. Il se contenta de lui tourner le dos, sans rien dire. Pendant ce temps, le touriste par défaut prenait ses aises. Son regard faisait le tour de la salle, sobrement décorée à l'ambiance chaleureuse et fêtarde. Ce devait sûrement être un repère des jeunes de la classe moyenne de la ville, à en juger le nombre de shooters disponibles sur la carte. La musique qui tournait dans le bar se trouvait être assez variée, alternant entre pop, rock et electro.

« Ce n'est pas trop tôt... »

Sébastien se grattait la barbe tout en lançant ces quelques mots au barman qui venait de déposer le cocktail « on the rock ». Ses yeux perçants avaient une nouvelle fois dissuadés le barman à fixer son client, le renvoyant à ses affaires. Notre homme posa ses lèvres à son verre, prenant une première gorgée de cette décoction aux tons rouges-orangés. * Mauvais choix de vodka. A 6$ le verre, on comprend pourquoi. * Les yeux fixés sur son verre, l'esprit de Sébastien divaguait : entre cette vodka de mauvaise qualité, le barman avec qui il avait tout de même fait très fort pour une première rencontre, sa venue dans cette ville, son rôle dans le futur, sa femme, sa fille... Son poing vint alors frapper fermement le bar, faisant alors remuer le liquide dans son verre. Le barman, alors interpelé par le bruit, s'adressa à Descamps.

« J'ai compris, ça ne va pas c'est ça ? Vous savez, y'a des moments comme cela où la vie semble vous en vouloir, mais il suffit de reprendre un bon bol d'air ou une bonne bière pour que tout reparte comme sur des roulettes !

« Excusez-moi d'être une nouvelle fois si directe mais... vous ai-je adressé la parole ? »

La nuit que Cuddy avait passé avait été pénible. Elle s'était réveillée des dizaines de fois. A chaque fois, en sueur et le bouche pateuse. Les doses de médicaments qu'elle prenait avait été fortement réduit depuis que sa physchologue et son medecin avaient declarer qu'elle était en bonne voie de guérison.
Le réveil avait sonné et Cuddy s'était préparée pour aller faire une tour en ville histoire de se changer les mauvaises idées qui planaient dans son petit crâne, penser à autres choses qu'aux moments douloureux qu'elle avait passé il y a de cela plusieurs années. Elle avait alors enfilé un petit short noir, une chemise en soie à manches courtes blanches et une paire de petites bottines noires également. Elle avait finalement orné ses cheveux roux d'une magnifique pince en forme de noeud papillon blanc.

Elle avait passé quelques heures au pars, au soleil et n'avait pensé à rien d'autre qu' à son propre bien être. Ca faisait du bien quelques fois. C'était sur le chemin du retour que les choses s'étaient compliquées. Elle n'avait pas prévu de passer devant l'anthem bar. Son ennemi juré. Oh, évidemment, elle était autorisée à prendre un verre de temps en temps si ce n'était pas comme on le dit souvent avec abus, mais avec modération. Après avoir hésité quelques minutes, elle s'était décidée à y entrer.

Aux premiers abords, le bar paraissait tout à fait correcte et rien ne prédestinait la jolie rousse à abuser de la coupe de champagne. Elle s'était alors dirigée vers le comptoir ou un homme à l'allure de dangereux psychopate et au regard noir était déjà installé un verre à la main. Elle scruta la carte et finis par se décider.

E

Elle n'eut cependant pas le temps de terminer sa commande que le barman se retourna vers l'homme mystérieux en ralant. Les deux hommes entrèrent alors en conflit. La jeune rouquine n'en perda pas une miette cachée derrière la carte. Une fois s'être fait rembarer, le barman lâcha un regard des plus noir à Cuddy. Elle se sentit alors rougir de honte.

Qu'est-ce que tu regarde toi ? T'as l'âge de boire au moins ?

Surprise, honteuse et toute rouge, Cuddy murmura, encore cachée derrière la carte ne laissant apparaître que ses yeux bleus,

Un verre de Vodka Caramel, ... S'il vous plaît

Elle n'osa même pas lancer un petit regard vers l'homme du comptoire, elle était bien trop génée.

Il fallait parfois faire usage de son savoir pour montrer au monde qu'il y avait deux classes de personnes : les dominantes et les dominées. Vous vous doutez maintenant dans laquelle Sébastien est compris. Le bonheur des uns fait le malheurs des autres – vous connaissez tous cet adage, mais à l'envers – s'appliquait dorénavant; alors que notre acariâtre chercheur pour Umbrella venait de rembarrer dans les règles de l'art ce pauvre individu, qui passait son temps à nettoyer des pintes sales et à essuyer ce que ses clients régurgitaient dans les cabinets, il s'en prenait maintenant à une jeune arrivante au comptoir. Sébastien l'avait sentit arriver, son odeur était fraîche et légère, parfum de grand couturier pour jeune fille de son époque et autres midinettes. Celle-ci, qui s'était pointée au moment où l'altercation démarra, se fit la plus petite possible, utilisant la carte du bar comme bouclier anti-émeute. Il est aisé pour chacun de sentir lorsque des regards inconnus se posent sur vous. Ceux de la jeune fille se faisaient insistants, avec ce côté timide et caché qui donnait tout son charme au regard profond de la cliente. Pour n'éveiller aucun soupçon et la laisser continuer, Sébastien fixait les bouteilles d'alcool face à lui, reprenant une nouvelle gorgée accompagnée d'un haut-de-cœur... Décidément, cette vodka n'arrivait pas à charmer son consommateur.

En parlant de vodka, la douce d'à côté venait de commander ce succulent breuvage aromatisé au caramel, encore une boisson pour boire jusqu'à l'ivresse sans piailler toutes les trente secondes que l'on a mal à la gorge et à l'estomac. Sur cette pertinente et personnelle constatation, Sébastien vida d'une seule traite le reste de son verre, ne voulant plus souffrir le martyre à chaque gorgée. Plissant les yeux alors qui avalait le cocktail il laisse glisser le verre vide jusqu'à l'autre bord du bar. La jeune arrivante n'en finissait plus de l'observer, ce qui le força à prendre le parole; d'un air désintéressé et sur un ton non-chalant, il tourna son regard à 35° et se lança dans un échange verbal. Dans le coin, personne ne le connaissait et cela ne pouvait lui faire que du bien (tant qu'il ne parlait pas avec le barman).

« Si vous êtes croyante, priez pour que cette vodka, que vous venez à peine de commander, soit à votre goût; dans d'autre cas, faites un autre choix dans les plus brefs délais, je vous le conseille assurément. »

Même s'il avait fini de parler, il ne pouvait détacher son esprit de la jeune femme, il l'observer dans ses moindres détails, son chemisier blanc léger uni à sa peau claire, son short noir laissant apparaître des cuisses aux proportions judicieusement dessinées. Mais comment pouvait-il se rincer l'œil si facilement ? Jamais il ne lui était arrivé de prendre autant de plaisir à reluquer discrètement une personne de la gente féminine sans en être dégoûté (ou déchiré par le remord). L'alcool ne l'avait pas débridé de cette manière depuis pas mal de temps, et voilà maintenant qu'il hésitait à reprendre un autre verre; écœurant certes, mais qui le désinhibait, lui enlevait toute morale, tout autre sentiment. Il rattrapa la carte que la jeune femme avait laissé sur le bar, puis se remis à lire chaque ligne, espérant trouver son bonheur. Était-ce l'air du nouveau continent qui agissait, en adjonction à cette vodka ingurgitée il y a peu; un point que Sébastien ne pouvait expliquer de manière scientifique. Débridé était le terme le plus logique à employer dans cette situation. Il ré-adressa la parole à la jeune fille, qui arborait de jolies couleurs rougeâtres sur ses joues (timidité, honte ?) tout en lisant la carte.

« Laissez-moi vous sauver de votre futur calvaire, puis-je vous offrir autre alcool que cette vodka distillée dans un pays sous-développé ? Sur le whisky, il y a peu de chances que l'on soit surpris, à moins que cela ne soit une nouvelle fois un ersatz de grande marque. Qu'en dites-vous ? »

Si vous êtes croyante, priez pour que cette vodka, que vous venez à peine de commander, soit à votre goût; dans d'autre cas, faites un autre choix dans les plus brefs délais, je vous le conseille assurément.

L'homme qui occupait depuis quelques minutes ses pensées lui avait finalement adresser la parole. Il avait d'abord fait mine de ne pas l'avoir remarqué, geste que l'on aurait pu interpréter de deux manières. Ou il avait eu pitié d'elle et avait décidé de ne pas la gêner encore plus qu'elle ne l'était déjà, ou il n'avait simplement pas eu la moindre envie de venir lui adresser la parole ou de simplement s'intéresser à elle. Dans les deux cas, c'était la faiblesse du caractère de la rouquine qui avait fait agir l'inconnu. Enfin bon, finalement, il s'était décidé. Cuddy fut quelque peu surprise par la remarque de l'homme assis à côté d'elle et venait de faire le lien entre son verre de vodka et la dispute des deux hommes. Apparemment, le breuvage de russe ne lui avait pas plus et il lui conseillait d'en changer. La jeune rouquine regarda alors son verre et reposa ses yeux sur le bel inconnu.

E

Elle n'en finissait pas d'être troublée, voilà qu'à présent l'homme aux cheveux noir ne cessa de la regarder, d'un air insistant et dans les moindres détails, de la tête au pied, il n'avait pas lâché Cuddy du regard pendant quelques secondes et la jeune rouquine n'en fut que plus mal à l'aise. Elle n'avait pas l'habitude qu'on la regarde comme ça et en même temps, à bien y réfléchir, elle aimait ça. Enfin, comme toutes les filles à qui l'on a déjà dit plusieurs fois qu'elles étaient jolies tout en les regardant avec envie. Ce n'était sans doute pas l'intention de son interlocuteur mais les interprétations à ces regards pesants pouvaient être multiples, et Cuddy préféra choisir la première. Finalement, il reprit la carte et la parcourra silencieusement, elle en profita pour pousser son verre sur le côté. Elle ne connaissait rien de cet homme, mais il n'avait pas eu l'air de vouloir lui nuire, elle avait décidé de le croire pour la boisson. Et de toute manière, elle ne connaissait que trop bien le goût des véritables vodka pour pouvoir se contenter d'une sous-marque. Finalement, l'inconnu repris la parole.

Laissez-moi vous sauver de votre futur calvaire, puis-je vous offrir autre alcool que cette vodka distillée dans un pays sous-développé ? Sur le whisky, il y a peu de chances que l'on soit surpris, à moins que cela ne soit une nouvelle fois un ersatz de grande marque. Qu'en dites-vous ?

Troublée, encore une fois. Mais bon sang, pourquoi fallait elle qu'elle réagisse tout le temps comme ça quand un ou une inconnu lui adressait la parole ? Elle ne pouvait l'expliquer, elle avait toujours eu ce caractère que sa mère appelait si joliment « cœur d'artichaut » . Cela lui avait causé bien des soucis, surtout au lycée ou elle n'osait adresser la parole qu'à sa meilleure amie. Les choses changeaient cependant dès que l'alcool imbibait son sang. Il n'y avait alors plus aucunes limites de tracées, plus aucunes peurs, plus de doutes et tout paraissait si claire quand elle ne répondait plus d'elle même. Mais bon, elle n'en était pas encore à se stade. L'alcool n'avait pas encore été au contact de son sang. Elle réfléchit alors la proposition qu'on venait de lui faire. Oui, un verre de whisky ne serait sans doute pas de refus, mais était-ce raisonnable ? Elle finit par se décider. Elle posa alors ses yeux bleus dans celui de l'homme aux goûts précieux et ne put s'empêcher de laisser apparaître un petit sourire, timide mais lourd de sens.

C

Elle posa alors ses yeux sur le verre qu'elle avait poussé un peu plus loin i y avait de cela quelques minutes.

Spoiler:

Notre homme avait enfin eu ce qu'il attendait et espérait, une réaction de la part de cette jeune femme à la gêne marquée... et pourtant, Sébastien avait du se tromper en croyant établir une description morale de son interlocutrice. Elle ne semblait pas si farouche que cela, la preuve; tout en répondant favorablement à la requête d'un inconnu à l'humeur noir et aux goûts spéciaux, elle avait plongé son regard d'un bleu intense dans les yeux de Sébastien, qui était à deux doigts d'être subjugué par un tel visage. Il devait reprendre le dessus sous peu et ne pas flancher devant une inconnue. Tout de même, ses atouts étaient plus que remarquables et il était difficile pour tout homme de résister devant tant d'insouciance et de fraîcheur. Trop tard, malheureusement, il était rentré dans un engrenage duquel il n'était possible de sortir que d'une seule et unique façon : la fuite. Méprisant, associable, certes, mais pas lâche, il se devait de tenir sa position au bar, accoudé comme un pilier. Allait-il prendre racine, nous n'en savons pas plus. Toujours est-il qu'il devait passer commande et reprendre la discussion là où la jeune femme l'avait laissé. Et bien oui, il ne pouvait mettre de nom sur un si jolie faciès, était-ce pour la première fois de l'impatience de la part de notre chercheur et virologue ? Il tapa deux coup sec sur le bar de son poing, refaisant trembler la vodka comprise dans le verre que la jolie demoiselle venait d'abandonner lâchement sur le boit vernis du comptoir. Le serveur, encore agacé par la précédente réaction de Sébastien, jeta un coup d'œil à ses deux seuls clients. Descamps, qui n'avait toujours pas envie de reprendre la discussion là où elle s'était arrêtée avec le barman, pointa du regard la bouteille de whisky, faisant un signe de tête pour la désigner. Il tendit le bras afin qu'il soit visible pour le barman, puis garda tendu son index et son majeur pour faire comprendre au gérant qu'il fallait servir deux verres de cette bouteille. Bien évidement, afin d'éviter toute nouvelle altercation, l'homme se mit rapidement à la tâche.

« Vous m'en voyez désolé; d'un autre côté, je suis assez fier. Je vous ai empêcher une souffrance certaine, face à cet horrible verre de liquide incolore au goût des plus désagréables. Aussi, ne vous soucier pas de votre consommation, j'en prend les entières responsabilités sur un plan financier. »

Que signifiait le sourire que notre jeune femme tenait sur son visage... Amusement, moquerie, ou expression directe d'une charmeuse pleine de talent, toutes ses explications se valaient et Sébastien ne s'y attarda pas, préférant vivre l'instant présent : quitte à se jeter dans la gueule du loup, autant le faire le plus consciemment possible. D'ailleurs, la commande de notre homme venait d'arriver sur le bar. Il tourna son fauteuil et tendit un verre à la belle inconnue. Une fois cela fais, il pris son whisky et le leva légèrement, tout en le regardant. Il souhaitait porter un toast, mais à quoi ? Rien ne valait le coup d'être souhaitée. Il décida donc de sortir la carte de l'ironie et de l'humour noir, quelles étaient les chances pour que cette donzelle aux airs précieux puissent se douter de quelque chose ? De toute façon, toutes les données sur Sébastien était classées confidentielles, n'étaient pas disponibles à la simple lecture et étaient protégées sous scellée informatique. Actuellement, il était répertorié comme chimiste et laborantin en biologie.

« Je lève mon verre à l'apoptose des cellules, que celles-ci continuent d'être ce qu'elles sont ! »

Il replongea alors son regard dans celui de la jeune femme qui l'intéressait fortement. Elle avait toujours ce sourire provoquant mais timide, charmeur sur les bords auquel Sébastien avait maintenant du mal à résister. Il prit une bonne gorgée de son whisky, avalant la moitié de son verre sans broncher. Dégustant la moindre goûte de son verre, il eut une petite mimique sur son visage marquant son bonheur : il avait enfin pris un verre digne de ce nom.

L'homme qui était à présent devenu son interlocuteur avait fait comprendre au barman avec qui il s'était malentendu qu'il désirait deux verres de son meilleur whisky. Il n'avait pas eu besoin de parler, seul ses gestes, propres et sur d'eux avaient suffit à ce que l'homme ronchon s'exécute, poliment et sans rien dire d'autre. Une fois cela fait, il se retourna vers Cuddy et lui adressa à nouveau la parole.

Vous m'en voyez désolé; d'un autre côté, je suis assez fier. Je vous ai empêcher une souffrance certaine, face à cet horrible verre de liquide incolore au goût des plus désagréables. Aussi, ne vous soucier pas de votre consommation, j'en prend les entières responsabilités sur un plan financier.

Ses yeux toujours plongée dans ceux de l'inconnu, la jeune rouquine fut surprise de la façon dont il lui parlait. Les mots qu'il employait étaient magnifiquement structurés et des plus divers, pas un seul ne se ressemblait pour décrire la même chose. Elle était presque aux anges, charmée par de simples mots bien placés, alors que ceux ci n'avaient rien de sensuels, elle s'en voulait presque de trouver cet inconnu charmant. Elle arbora alors un nouveau sourire, tout aussi timide que l'ancien, mais également charmeur sans qu'elle ne l'ai réellement voulu, il y a des choses auxquelles on ne résistait pas.
L'homme mystérieux du comptoir leva son verre, il désirait sans doute porter un toast. Il hésitât un moment, puis lâcha enfin.

Je lève mon verre à l'apoptose des cellules, que celles-ci continuent d'être ce qu'elles sont !

Quel drôle de toast qu'il venait de porter là. La confirmation que Cuddy s'était posée intérieurement venait de tomber, l'homme qu'elle avait en face d'elle était des plus cultivé, comment pouvait il connaître ce genre de terme s'il n'avait été qu'un simple américain comme il en existe des milliers. Inculte et pas curieux pour un sous. Deux solutions, ou il avait un jour entendus ce mot par hasard et avait décidé de le placer ici, pour impressionner une jeune demoiselle ou il savait exactement de quoi il parlait puisqu'il aurait étudié les sciences. Mais quel proportion de chance se présentait à eux pour que deux scientifiques se soient rencontrés par le plus grand des hasards dans un bar assez miteux et aient bu un coup ensemble ? Pas si grande que ça, mais pas impossible non plus. Il fallait qu'elle en ait la confirmation. Le brun ténébreux prit une longue gorgée du liquide brulant et arbora alors un sourire de satisfaction. Apparemment le Whisky avait l'air de valoir le coup de le boire. Elle leva alors à son tour son verre et regarda l'inconnu.

E

Elle ferma les yeux, l'imita et but la moitié de son verre. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas bu de cette alcool que l'on dit d'homme. Le liquide glissa alors le long de sa gorge, la lui brulant par la même occasion. Quelle sensation désagréable et pourtant, si délicieuse. Elle rouvrit les yeux et posa son verre sur le comptoir, puis secoua légèrement la tête. Et ce n'était pas non plus du sirop de grenadine ! Enfin, elle reposa ses yeux dans ceux de son compagnon de boisson. Elle n'arrivait plus à l'ôter de ses pensées, elle voulait voir la réaction qu'il faisait depuis qu'elle l'avait mis au parfum, qu'elle en savait pas mal sur la science elle aussi. Elle désirait savoir tellement de chose sur cet inconnu qui lui avait offert ce verre des plus délicieux. Alors, soit elle se jetait à l'eau et posait les questions, soit elle continuait de simplement répondre. Non, il y avait bien trop de mystère autour de lui pour laisser planer les doutes.
Elle descendit alors de sa chaise, se rapprocha de l'homme et s'assit sur une chaise qui se trouvait juste à coté de lui, elle posa son verre à côté du siens et lui sourit.

M

fit elle en chuchotant presque.

C

elle laissa alors un petit moment de silence avant de reprendre.

P

Quelle surprise ! Sébastien avait enfin affaire à une personne qui en plus d'aimer boire un bon verre de whisky, détenait des connaissances en l'une des matière que notre chercheur respectait le plus, la biologie. Devait-il croire au destin, au hasard, au Bon Dieu, cela devenait maintenant secondaire. Sa soif de connaissance et sa curiosité le titillaient, il ne pouvait plus tenir sans en savoir plus, sans connaître la réelle identité de sa désirable interlocutrice. Maintenant, deux choix s'offraient à notre homme : aller plus loin dans ses propos et entretenir une réelle discussion autour de son domaine de prédilection, et alors se rendre compte que la jeune femme n'était en fait qu'une jeune étudiante en faculté à la maîtrise bancale du sujet ou alors une professionnelle en biologie, ou prétendre être le plus gros des idiots en prétextant le fait qu'il ne connaissait que cette tirade et qu'il trouvait que ça sonnait bien pour porter un toast. Pourquoi s'adressait-elle à lui en chuchotant, ils ne risquaient rien, et créer un pseudo climat d'intimité s'avérait inutile, il n'allait rien se passer, enfin c'était ce à quoi Sébastien pensait. Et pourtant, il n'en était rien, voilà que la jeune femme voulait vraiment révéler son identité... Cuddy Parker. Elle n'avait aucune raison de mentir, à moins que cette fleur de femme ne soit qu'une beauté fatale dont le seul but est de descendre Sébastien au détours d'une ruelle... Impossible, il venait d'arriver en ville, et la résistance ne semblait pas très virulente ni trop informée sur le sujet, il venait presque incognito, en touriste. Enfin, il ne pouvait tenir sa langue plus longtemps dans sa bouche, elle le brûlait. Dans le but d'étouffer ce feu, il termina la deuxième partie de son verre. La tension se faisait plus palpable, elle souhaitait créer un nouveau climat entre eux, se rapprochant encore plus du beau brun d'une chaise. Le visage de Cuddy revêtait maintenant un léger teint rougeâtre, sûrement dût à la chaleur dégagée par la prise d'alcool.

« Et si je vous disais qu'il était possible que rompre cet équilibre sans pour autant défaire un organisme ? »

Il ne voulait vraiment pas dévoiler son identité, seulement il ne pouvait jouer la carte du mystère plus longtemps, ne connaissant pas sa jeune interlocutrice, se risquer à se dévoiler dès maintenant devenait proche du suicide. Il lui fallait donc continuer à rester dans le secret, juste assez de temps pour tenir en haleine Cuddy et lui sortir les vers du nez. Sébastien décida donc de se retourner afin de se retrouver face à face avec elle, tout en tapant son verre vide sur le comptoir (façon peu délicate de redemander la même commande que précédemment). Le jeu de la jeune femme avait finalement fini par marcher : Sébastien commençait tout doucement à sentir un simulacre de confiance couler dans ses veines, ou serait-ce le whisky qui tenterait de s'immiscer. Pour une fois, il ne tirait pas une mine d'enterrement à en faire fuir un mort. Ses lèvres se décrispaient lentement, tendant plus vers un sourire qu'une mine déconfite.

« Vos parents ne vous ont-ils jamais appris à ne pas adresser la parole aux inconnus, même si ceux-ci s'avéraient être attirants et avaient un goût prononcé pour les bonnes choses ? Les apparences jouent énormément dans notre monde globalisé, certes, mais si vous connaissiez un peu plus les tréfonds et méandres de mon esprit, très chère miss Parker, vous seriez très certainement surprise d'y trouver des points qui m'effraient moi-même. Alors, dans ses conditions, maintenant que vous savez que je ne suis sûrement pas l'homme le plus respectable de ce bar, souhaitez-vous toujours continuer à échanger quelques mots avec moi ? »

Il ne l'a renseignait en rien sur lui-même, il souhaitait juste mettre sa patience et son goût du risque à l'épreuve. Un simple appât, pour savoir si la jeune femme aux jambes divines qu'il avait en face de lui voulait pousser cette entrevue improvisée plus loin qu'aux simples questions d'usage. Allait-elle céder ? Ou voulait-elle vraiment aller jusqu'au bout. Sans le vouloir, Cuddy avait lancé une machine infernale dont Sébastien venait de reprendre le contrôle; il adorait jouer sur et avec les mots, sachant très bien que Mlle Parker ne faisait que s'échauffer : il comptait bien la pousser dans ses derniers retranchements. D'un air amusé, esquissant un petit sourire et faisant quelques gestes de la main pour accompagner ses paroles, qui sortirent sous une forme de chuchotement :

« Aurai-je fais peur au petit chaperon rouge ? »